mardi, avril 25, 2006

A tous,

Je vous informe que le jugement est en ligne sur le site d'Amélie, en bas de la page Sanctions. Vous pouvez le consulter et le télécharger. Il est aussi édifiant que les autres documents de cette affaire.
Il est surtout riche d'enseignements sur ce que tout justiciable peut espérer obtenir en terme de reconnaissance d'une faute ou (série de fautes) ayant entraîné la mort dans le cas d'un acte médical.
A savoir: RIEN.
Rien si ce n'est la défausse sur l'éternel (et si secourable) aléa thérapeutique.
Rien si ce n'est le déni de toute responsabilité pénale de ces personnes à qui nous confions en toute bonne foi notre vie, et qui ne s'en montrent pas dignes.
Rien si ce n'est la condamnation à vie de nous, parents, à une double peine : celle de la perte de notre enfant (irréparable, inacceptable, indépassable) ; et celle d'une culpabilité dévorante (elle aussi irréparable, inacceptable, indépassable, quoi que différente) d'avoir fait le mauvais choix. D'avoir cru en la compétence d'un trio de médecins qui s'est montré incapables, pendant plus de 13 heures, de prendre les mesures qui s'imposaient pour éviter à une petite fille de 9 ans, maladroitement perforée dès les premières minutes d'une opération bégnine, d'agoniser et finalement mourir sous les yeux de ses parents.
Cette journée du 3 septembre 2004 et les mois qui ont suivi ont été monstueusement douloureux pour nous. Les auditions et la remise du rapport d'expertise contradictoire en juin 2005, l'audience du 1er février 2006, la communication du verdict le 29 mars 2006 et, enfin, la lecture de ce jugement ont été de douloureux moments pour nous, nos enfants, nos proches, tous ceux qui ont connu et aimé Amélie, tous ceux qui sans la connaître ont défendu sa mémoire et refuser l'inacceptable, ici, près de nous et ailleurs.
Merci à vous tous qui nous avez soutenu et qui nous avez fait part de votre intention de continuer à nous soutenir en appel, voire dans une procédure civile. Merci à vous de continuer à visiter le site www.amelieb.com. Et désolé de n'avoir que cette amertume, cette immense douleur, ces larmes à vous offrir en retour de votre soutien généreux, spontané et indéfectible.
C'est vous qui nous maintenez la tête hors de l'eau alors que la tentation est parfois forte d'aller rejoindre notre amour d'Amélie. C'est vous qui nous donnez l'énergie de continuer à nous battre et de croire encore un peu dans la nature profondément bonne et respectueuse du genre humain. Pour tout cela, un immense merci.

Dr Xavier Birembaux

P.S. : du nouveau sur la procédure en appel au début du mois de juin

lundi, avril 24, 2006

RAPPEL

A tous,
Un forum est ouvert pour vous permettre de donner votre avis ou lire les éléments de réflexion postés par d'autres autour de cette affaire (causes et conséquences de ce drame à l'échelle individuelle et locale mais également en terme d'éthique et de jurisprudence médicale). Il est plus adéquat pour déposer vos messages que le présent blog et facilite la lecture de vos contributions pour les autres.
Adresse : http://amelieb.bbfr.net/

Merci de réserver le livre d'or aux seuls messages de soutien ou à la mémoire d'Amélie.


Pour info, on parle aussi de l'affaire Amélie sur d'autres forums :

Agora Vox
Infobébés
Cadresanté
Atoute.org
Doctissimo 1
Doctissimo 2
Aufeminin.com
Bio.medecine.fr
Laryngo

Cordialement.

Dr Xavier Birembaux

jeudi, avril 20, 2006

Pour information (exemple de la manière dont peut être conduite une enquête dans un accident médical)

Article paru dans la Dépêche du 19 avril 2004

CASTELNAUDARY (11) - SOCIÉTÉ. LES TROIS PRATICIENS HOSPITALIERS COMPARAÎTRONT DEVANT LE TRIBUNAL CORRECTIONNEL, POUR HOMICIDE INVOLONTAIRE, À LA SUITE DU DÉCÈS D'UNE PATIENTE DE 37 ANS, EN SEPTEMBRE 2001.

Trois médecins de l'hôpital traduits devant la justice


C'est le dernier acte des investigations menées avec persévérance et minutie par le juge d'instruction Garrigues, à Carcassonne: le magistrat, qui enquête sur le décès de Claudine Pélissier, 37 ans, morte lors de son transfert au centre hospitalier de Rangueil, à Toulouse, en septembre 2001, vient d'ordonner le renvoi de trois praticiens hospitaliers devant le tribunal correctionnel, pour homicide involontaire. Deux autres médecins qui ont eu Claudine Pélissier entre leurs mains, pour leur part, bénéficient d'un non lieu. Les cinq médecins avaient été mis en examen par le juge Garrigues en février 2004, à la suite de faits vieux de plus de deux ans.

Dans la nuit du 10 au 11 septembre 2001, alors qu'on la transportait en urgence à Toulouse, Claudine Pélissier, mère de deux enfants, succombait à une série d'arrêts cardiaques qui avait déjà forcé l'ambulance des pompiers à stopper sur l'autoroute à deux reprises, au cours du trajet. C'était un lundi soir. Le samedi, elle avait été admise au centre hospitalier chaurien, pensant souffrir de coliques néphrétiques. Le dimanche soir, son état s'aggravait sensiblement, avec l'apparition d'une fièvre persistante. Le lendemain, en fin de journée, l'état de la jeune femme devenait alarmant. Le transfert était décidé, puis retardé en raison de l'état de santé de la patiente, qui se dégradait de plus en plus.
Dès le lendemain du décès, le compagnon de Claudine Pélissier déposait une plainte auprès de la gendarmerie. Suivait une longue procédure, au cours de laquelle le juge d'instruction s'est attaché à reconstituer, pas à pas, les allées et venues du personnel médical autour de la patiente, et leurs recommandations, jusqu'à l'issue fatale. Il a également sollicité de nombreuses expertises: celle du légiste, bien sûr, mais aussi des médecins-experts de la Ddass, d'un médecin expert auprès de la
cour d'appel, d'autres médecins encore.
Certaines sont très critiques vis-à-vis du fonctionnement du service où Claudine Pélissier avait été admise. Et sans complaisance avec la compétence de certains médecins, renvoyés purement et simplement à leurs polycopiés de deuxième année d'études universitaires, pour n'avoir pas diagnostiqué à temps les complications de ces coliques dont souffrait Claudine Pélissier et qui auraient causé son décès.
Ces rapports, sans complaisance, emploient les termes de «négligence, d'insuffisance et de défaut de surveillance».

Laurent Gauthey


La famille soulagée, les médecins atterrés
«Pour la famille, c'est l'aboutissment d'un combat très difficile, réagissait, hier, Me Georges Catala, du barreau de Toulouse, avocat de la famille et des proches de Claudine Pélissier. Nous avons vécu une fuite de responsabilités où chacun s'est renvoyé la balle. Il aura fallu l'entêtement de la partie civile et aussi la volonté du magistrat pour aboutir à ce résultat». Du côté des avocats des médecins mis en cause, hier soir, les propos étaient très mesurés. «Mon client est médecin, rappelait Me Françoise Mathé, avocate de l'un des praticiens mis en cause. Comme tout médecin digne de ce nom, une telle situation le rend très malheureux.
Dans cette affaire, tout le monde souffre. D'autant que c'est un médecin plein de bonne volonté: son planning d'interventions, le jour du drame, le démontre bien assez». Quant à l'avocat du chef de service, le Dr Durrou, très déçu, escomptait avoir «un non-lieu dans cette affaire où le civil l'emporte sur le pénal», explique Me Deltour.
Les étapes-clefs de «l'affaire Pélissier»
8 septembre 2001. Claudine Pélissier, 37 ans, qui se plaint de violents maux de ventre, est admise aux urgences du centre hospitalier chaurien.
10 septembre 2001. En fin de journée, son état se dégrade. Claudine Pélissier est victime d'une série d'arrêts cardiaques, notamment lors de son transfert à Toulouse. Elle meurt dans la nuit.
11 septembre 2001. Plainte de son compagnon.
13 septembre 2001. Ouverture d'une information judiciaire contre X en recherche des causes de la mort.
29 mars 2002. Ouverture d'une information contre X pour homicide involontaire.
Février 2004. Mise en examen des docteurs Maher Hambali, Thiery Granel, Claire Durroux, Florent Joeliarisoa et Christian Boutel pour homicide involontaire.
6 avril 2006. Les docteurs Hambali, Durroux et Joeliarisoa sont renvoyés devant le tribunal correctionnel pour homicide involontaire. Un non-lieu est prononcé en ce qui concerne les docteurs Granel et Boutel. L'instruction estime qu'ils ont éventuellement fait «preuve d'une méconnaissance des données élémentaires concernant des pathologies qu'ils estimaient pouvoir prendre en charge et d'un défaut de surveillance consécutif, causant involontairement la mort de Claudine Pélissier».


Désormais, ces personnes devront s'expliquer devant la justice. Celle-ci tranchera alors sur leur éventuelle culpabilité. Dans l'attente, ils sont considérés comme innocents des faits qui leur sont reprochés. A l'heure où ces lignes étaient écrites, la date d'audience n'était pas fixée, en ce qui concerne cette douloureuse affaire. Elle le sera dans les jours qui viennent.

mardi, avril 04, 2006

AFP, 29 mars 2003

Opération mortelle à Carcassonne: l'équipe médicale relaxée

Le tribunal correctionnel de Toulouse a relaxé mercredi les trois praticiens d'une équipe médicale poursuivis pour homicide involontaire par une famille de médecins à la suite de l'opération de l'appendicite mortelle de leur fille, Amélie.
Les juges ont relevé que les comportements des trois médecins (chirurgien, anesthésiste et radiologue), "ne peuvent être considérés comme la cause directe du décès de l'enfant" et estimé qu'aucun d'entre eux n'avait commis de "faute caractérisée".
L'audience le 1er février 2006 avait donné lieu à un vif débat sur la possibilité de condamner pénalement une accumulation de ratés médicaux.
Les Dr Xavier et Caroline Birembaux, poursuivaient, selon la procédure de citation directe, les médecins qui avaient opéré par coelioscopie et suivi leur fille Amélie, 9 ans, le 3 septembre 2004 à la clinique Montréal de Carcassonne, jusqu'à son transfert à l'hôpital Purpan de Toulouse.
Elle y était décédée peu après minuit d'une hémorragie interne consécutive à l'opération, dont l'importance avait été "sous-estimée", selon un rapport d'expertise de juin 2005.
Cette expertise civile contradictoire concluait notamment que "tout au long de la journée (...), les docteurs (...) se sont rassurés et n'ont pas pris en compte l'importance de la déglobulisation (...) qui imposait une ré-intervention chirurgicale dans les plus brefs délais", alors que l'enfant, opérée à 08H30, souffrait, montrait des analyses sanguines alarmantes, et avait fait un malaise dès 15H00.
Mercredi, les avocats des médecins ont salué la décision. "Le tribunal a en toute logique renvoyé (les médecins) des fins de la poursuite. Cette affaire, aussi douloureuse soit-elle, relevait du plan civil", ont expliqué Mes Georges Lacoeuilhe et Alain Margerit.
Me Charles Vincenti, pour la partie civile, a fait part de son indignation: "C'est difficile à digérer, il y a eu de multiples fautes, on a trompé les parents".
Seul le parquet, qui n'avait pas fait de réquisitions précises à l'audience, peut éventuellement faire appel des dispositions pénales du jugement.