jeudi, février 02, 2006

20 MINUTES, Jeudi 02 février 2006

Une suite fatale d’erreurs médicales

La petite Amélie, 9 ans, était entrée à la clinique pour une simple ablation de l’appendice. Elle est morte quinze heures plus tard des suites d’une perforation de l’artère iliaque non prise en charge. Hier, le tribunal correctionnel de Toulouse jugeait en comparution directe les trois médecins de la clinique carcassonnaise qui sont intervenus dans cet engrenage fatal. Au chirurgien à l’origine de la perforation, la famille reproche d’avoir opéré « en aveugle », par coelioscopie, puis de n’avoir pas ouvert l’abdomen de la fillette après avoir jugulé une première hémorragie. L’anesthésiste est quant à lui accusé de n’avoir pas su détecter les signes de l’épanchement. Le radiologue est le seul à reconnaître « avoir commis une faute ». Il n’a pas immédiatement détecté l’hémorragie sur le scanner.

L’audience comme l’expertise médicale ont clairement montré que les trois praticiens se sont « auto-rassurés » pendant cet après-midi du 3 septembre 2004. Retardant ainsi une nouvelle intervention, réalisée après le transfert d’Amélie à l’hôpital de Toulouse, et entraînant son échec. Ces « erreurs » constituent-elles pour autant, comme l’estiment les parents d’Amélie – eux aussi médecins – des « fautes caractérisées », constituant donc une infraction pénale « d’homicide involontaire » ? « Il y a eu des erreurs mais en aucune façon pénales », a plaidé Georges Lacoeuilhe pour la défense. Le procureur s’est refusé à trancher et s’en est remis à « l’appréciation du tribunal ». Celui-ci rendra son jugement le 28 mars.

Hélène Ménal

Emotion « A aucun moment le chirurgien ne m’a parlé d’hémorragie. Il me mentait. » C’est en pleurs que Xavier Birembaux, le père d’Amélie, a terminé de raconter sa journée de cauchemar. Lui et son épouse ont quitté le tribunal sans un mot.