jeudi, mars 30, 2006

LA DEPECHE, jeudi 30 mars 2006

Relaxe pour les docteurs Cohen, Bernier et Gounelle

Amélie Birembaux est morte d'un «aléa thérapeutique». Deux mois après la comparution des docteurs Patrick Cohen, Jacques Bernier, Jean-Pierre Gounelle poursuivis pour homicide involontaire par l'un de leurs collègue, le docteur Xavier Birembaux, ont été renvoyés des fins de la poursuite, hier par le tribunal correctionnel de Toulouse. En clair, sur le plan pénal, le chirurgien, le radiologue et l'anesthésiste de la clinique Montréal où avait été opérée la petite Amélie Birembaux le 3 septembre 2004, n'ont commis aucune «faute grave au sens de faute qualifiée» ont estimé les magistrats toulousains.

Ce qui ne veut pourtant pas dire que les trois médecins n'ont pas commis de fautes ou d'erreurs d'appréciation. «L'erreur dans ce choix fait à ce moment-là [Ndlr : fallait-il réopérer la petite Amélie dès lors que le scanner avait mis en évidence une hémorragie ?] ne relève pas de la faute grave mais d'une erreur de diagnostic», mentionnent les juges à l'adresse du docteur Cohen. En ce qui concerne l'anesthésiste, les magistrats ont estimé que «la seule faute qui peut être imputée au docteur Gounelle est d'avoir sous-estimé la situation de sa patiente» mais là encore pas de «faute caractérisée au sens du code pénal». Quant à la responsabilité du docteur Bernier, elle est également évacuée d'un revers de manche par les juges. Certes ce dernier a bien commis une erreur «lors de la lecture initiale du scanner, laquelle aurait pu être qualifiée de faute caractérisée s'il s'était contenté de cette première lecture. Mais ultérieurement, lorsqu'il réalise de manière plus approfondie sa lecture (...) il constate le problème et alerte immédiatement les autres médecins.» Reste que la décision de réopérer Amélie ne lui appartenait pas. Reste à savoir si le drame aurait pu être évité si le chirurgien avait opté pour l'open cœlioscopie ? Sur ce point, le corps médical est divisé sur l'usage ou non de cette technique chez l'enfant. «Dans ces choix, soulignent dans leurs attendus les magistrats, le choix de la technique utilisée, en l'absence de certitude des données acquises de la science, ne saurait constituer une faute ou un manquement de la part du docteur Cohen. La perforation d'un vaisseau lors de cette opération relève de l'aléa thérapeutique.»

SILENCIEUX ET MUETS
Exit donc la responsabilité pénale des trois médecins.

Soulagés à l'annonce du jugement, Jacques Bernier et Patrick Cohen (Jean-Pierre Gounelle était absent hier) sont restés de longues minutes ensembles. Silencieux et muets. Et encore très affectés par la disparition de la fille de l'un de leurs collègues. Les deux médecins qui n'ont souhaité faire aucune déclaration, à la sortie de la salle d'audience ont laissé leurs avocats commenté, à chaud, la décision. Mes Georges Lacoeuilhe et Alain Marguerit ont salué le travail des juges : «Le tribunal a en toute logique renvoyé les médecins des fins de la poursuite. Cette affaire, aussi douloureuse soit-elle, relevait du plan civil», ont-ils souligné. Pour Me Charles Vincenti, avocat de la partie civile et représentant le bâtonnier Paul-Albert Iweins, l'avocat de la famille Birembaux ce jugement est extraordinaire». On constate qu'il y a eu des fautes de commises mais l'on considère qu'il s'agit d'aléas. La famille Birembaux a été trompée tout au long de cette funeste journée. D'ailleurs tous les experts l'ont mentionné dans les différents rapports d'expertise.»

Xavier Birembaux fera-t-il appel de la décision ? Rien n'est moins sûr. En suivant une procédure singulière, l'ancien pédiatre de la clinique Montréal a peut être perdu toute chance de voir ses anciens collègues, reconnus coupables d'homicide involontaire (voirci-dessous). Si la condamnation au civil des trois médecins est probable, Xavier Birembaux espérait au moins qu'une trace apparaisse au pénal.

Bruno Huet

«La perforation d'un vaisseau lors de cette opération relève de l'aléa thérapeutique»,ont estimé les magistrats toulousains, au terme de deux mois de délibéré. Sur le plan pénal, rien ne peut donc être reproché aux trois médecins.


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Xavier Birembaux : « Je suis catastrophé ».
«Je suis catastrophé par la décision rendue hier par le tribunal de Toulouse. C'est à ne rien comprendre», a expliqué, plus combatif que jamais Xavier Birembaux. «Nous avions apporté toutes les preuves . Elles étaient accablantes. Tout démontrait que le docteur Cohen a utilisé une technique qui n'est pas adapté pour les enfants. Le rapport d'expertise mettait en évidence que tous ont commis des erreurs.» Et Xavier Birembaux de dénoncer la loi Fauchon (loi du 10 juillet 2000) qui exonère de toute responsabilité, dans certains cas cependant, les élus qui n'auraient pas pris des mesures ou qui les auraient ignorées après un accident. «Si l'on applique cette loi à des médecins, estime Xavier Birembaux, c'est un permis de tuer que l'on accorde aux médecins. Aujourd'hui, ils sont protégés contre toutes les procédures pénales que des familles de victimes pourraient engager. C'est une impunité pénale que l'on offre aux médecins.» Et de poursuivre :«Le combat que je mène, je ne le fais pas à titre personnel, personne ne me rendra ma fille. Je le fais pour tous les enfants que l'on opère. Un médecin peut faire des erreurs, je peux le comprendre, mais lorsque l'on utilise une technique qui n'est pas adaptée à des enfants. Comment peut-on appeler cela ? C'est un crime !»



MIDI LIBRE, édition du 30 mars 2006

Décès à la clinique : les trois médecins relaxés

RAPPEL : En 2004, la jeune Amélie, 9 ans, décédait après avoir été opérée de l'appendicite dans une clinique privée

Les trois médecins de la clinique Montréal à Carcassonne, poursuivis en citation directe pour homicide involontaire par les parents d'Amélie Birembaux, ont été relaxés, hier après-midi, par le tribunal correctionnel de Toulouse. Les juges ont estimé que les trois praticiens (chirurgien, anesthésiste et radiologue) « ne peuvent être considérés comme la cause directe du décès de l'enfant » et qu'« aucun d'entre eux n'a commis de faute grave. »
Ce jugement a effondré les parents de la victime, Xavier et Caroline Birembaux, médecins tous les deux, qui joints par téléphone, hier soir, ne cachaient pas leur colère. Me Paul-Albert Iweins, avocat de la famille, souligne pour sa part que « le tribunal a considéré que les fautes commises étaient avérées mais pas suffisamment graves. Mais les conséquences, la mort d'un enfant, le sont. »
Rappelons que le 3 septembre 2004, Amélie, 9 ans, est décédée d'une hémorragie interne après une opération de l'appendicite par cœlioscopie. L'audience du 1er février dernier avait donné lieu à un vif échange sur la possibilité de condamner pénalement des ratés médicaux.
La partie civile se réserve le droit de faire appel. Mais si le parquet de Toulouse, qui à l'issue des débats s'en était remis « à la sagesse du tribunal », ne dépose aucun recours, les trois médecins relaxés ne risqueront plus de poursuites pénales. La famille Birembaux ne pourra alors prétendre qu'à des dommages et intérêts.
Les praticiens de la clinique Montréal ne sont toujours pas à l'abri d'une sanction professionnelle. Cette affaire a été instruite par le conseil départemental de l'ordre des médecins de l'Aude suite à une plainte déposée par la famille de la victime. Ce dossier a récemment été transmis au conseil régional de l'ordre, instance compétente pour statuer sur de tels faits.

L. C. avec AFP

4 Comments:

At vendredi, 31 mars, 2006, Anonymous Anonyme said...

un alea !on aura tout entendu Decidement la justice francaise est vraiment a revoir et a considerer ce chirurgien comme un citoyen ordinaire et non un dieu de la chirurgie comme il doit se pretendre etre...Quand a vous monsieur l'anesthesiste restez de temps en temps en salle d'op pour faire votre boulot .

 
At vendredi, 31 mars, 2006, Anonymous Anonyme said...

Tragique destin de la petite Amélie ! je suis attristée et soutien sa famille ! cependant je pense que le docteur Cohen en a assez pris pour son grade avec tous les commentaires qui le juge sur les différents sites. Il est certain qu'Amélie méritait de vivre. Mais le docteur Cohen ne souhaitait pas ces conséquences ! de plus il a sauvé des vies mais c'est évident que cela a moins d'impact qu'un décès !

 
At vendredi, 31 mars, 2006, Anonymous Anonyme said...

Le docteur Cohen est un trés bon chirurgien mais ce jour là il a fait une faute et l'on nous apprend tout petit que l'on doit payer ses fautes. Oui il vivra peut-etre toute sa vie avec le remord mais AMELIE elle ne vivra plus et ses parents survivent.J'apporte tout mon soutien à Mr et Mme birembaux.

 
At mardi, 21 avril, 2009, Blogger claudius said...

un grand courage à la famille de cette petite fille qui n'est malheureusement plus parmis nous. Moi aussi j'ai une affaire médicale en cours, ma femme est décédée àla clinique saint pierre du Docteur TIROLIEN, clinique hors normes en Guadeloupe suite à une lipossucion le 10 Janvier 2005, depuis aucune sanction envers cette clinique n'a été prise par les autorités. Visiter mon site internet et signer la pétition en cours. www.martinebhiki.com
Merci les amis, et courage à la famille.

 

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